Depuis l’apparition de la crise du Covid-19, nous constatons un recours plus fréquent au coaching à distance (plutôt que présentiel), et de manière évidente, pour des raisons sanitaires.
Ceci dit, de nombreux coaches pratiquent régulièrement le coaching à distance de manière habituelle depuis bien plus longtemps et pour d’autres raisons : pour gagner du temps (économie du temps de transport), parce que le coach et la personne coachée ne se trouvent pas dans la même ville (le même pays ?), pour des raisons économiques (le coaching à distance peut parfois être facturé moins que le coaching en présentiel).
Par-delà les éléments de contexte Covid-19, la question est alors de savoir s’il est possible dans la durée de coacher exclusivement à distance ?
Pour rappel, le coaching consiste à accompagner des personnes dans la définition puis la réalisation de leurs objectifs (personnels et professionnels), à créer une relation de confiance qui permette aux personnes accompagnées de prendre du recul sur leur situation et leur potentiel en les questionnant, pour ensuite les aider à faire émerger des stratégies et à basculer dans l’action, à évoluer en tant que personne.
La qualité de la relation, de la confiance, du questionnement et du suivi dans les actions sont donc essentielles pour réussir un programme de coaching. Est possible de créer et maintenir dans la durée un niveau élevé de qualité dans ces domaines en coachant uniquement à distance ? Et comment ? Nous partageons ici nos réflexions en la matière.
Comment coacher à distance peut contribuer à la réussite des programmes de coaching
Coacher consiste à permettre à l’autre de prendre du recul sur sa situation personnelle et professionnelle, et bien souvent en coachant à distance on crée plus de recul car on s‘affranchit de la socialisation souvent associée au mode présentiel. Le mode de fonctionnement de la personne coachée à distance est moins imprégné de la présence du coach, elle se libère de la relation sociale et de ses biais potentiels.
Idem, à distance c’est souvent plus facile pour la personne coachée de prendre du recul sur ses émotions, de les filtrer, de s’en libérer, de les dépasser, de sorte que cela peut faciliter un dialogue différent avec le coach, et l’émergence de solutions qui dépassent le cadre émotionnel et le cadre habituel de pensée de la personne coachée.
Coacher à distance impose aussi souvent un format plus compact, plus court -la charge attentionnelle est telle que la personne coachée va souvent arriver à « saturation » plus rapidement qu’en présentiel- ce qui va amener à aller encore plus rapidement droit au but dans les échanges. Cela amènera le coach à travailler encore mieux (notamment en amont) les questions pour qu’elles soient encore plus claires, pertinentes. Et cela amènera la personne coachée à travailler encore mieux les réponses pour qu’elles soient encore plus éclairantes.
Par ailleurs, dans les séances de coaching à distance, et pour des raisons techniques, la personne coachée se met souvent plus facilement dans une bulle : l’écran vidéo agit comme un point de fixation, et les écouteurs coupent la personne coachée de distractions possibles autour d’elle (téléphone portable, sollicitations de personnes tierces etc…). De ce point de vue, les séances de coaching à distance peuvent être plus productives.
À noter enfin que les séances de coaching à distance sont aussi souvent plus structurées qu’en présentiel : pour les raisons évoquées ci-dessus, la méthode de coaching et le séquencement des séances sont souvent mieux respectés. On déborde moins durant les séances. Le coach et la personne coachée vont avoir tendance à mieux préparer entre les séances, et l’on sait que ce travail entre les séances (réflexion, apprentissage, mise en application …) est essentiel à la réussite du programme de coaching.
Oui mais coacher à distance peut également limiter la réussite des programmes de coaching – et en quoi le recours au coaching en présentiel permet de « réparer » cela
La réussite du coaching passe par la capacité du coach à créer -et si possible rapidement- une relation de qualité et établir la confiance avec la personne coachée.
Or l’être humain est un animal social qui se nourrit d’interactions, et notamment visuelles, kinesthésiques ou auditives, avec les autres, et il est tout de même plus facile de créer des interactions de cette nature avec l’autre en mode présentiel. Le présentiel peut donc permettre de créer du lien plus rapidement / plus facilement -surtout au début- de mieux « briser la glace ».
Par ailleurs, dans la durée le fait de pouvoir garder ses sens éveillés « sur place », d’avoir un champ visuel le plus large possible autour de la personne coachée (contact visuel) et de « sentir » l’autre pendant les séances présentielles va également contribuer à cimenter la relation, permettra de mieux orienter les échanges.
Le mode présentiel permet également de rentrer plus rapidement dans la situation de l’autre lorsque l’on se rend sur son lieu de vie privé ou professionnel : on comprend mieux et plus rapidement l’autre, ce qui est un facteur de réussite du programme de coaching. Il sera plus facile pour le coach de se rendre compte des changements dans l‘environnement de la personne coachée au fil du programme de coaching en fonctionnant en mode présentiel.
De ce fait, la personne coachée se sentira aussi plus facilement respectée, écoutée, considérée, plus en confiance en présentiel, ce qui est important pour faire émerger du potentiel, des solutions, pour visualiser et réaliser sa situation réelle et désirée.
A noter aussi que sur le plan technique du coaching, il est plus facile pour le coach de sentir quand la personne coachée est connectée, « est avec » le coach en présentiel car la personne coachée va envoyer des signaux faibles quand elle est en train de « décrocher ». Il est alors plus aisé au coach de faire des pauses, de s’attarder ou expliciter un point en particulier, d’échanger avec la personne coachée. Là encore, c’est un gage de réussite.
Pour ces mêmes raisons techniques, il est aussi plus facile de coacher plusieurs personnes, d’animer une séance de coaching à plusieurs, des ateliers en mode présentiel plutôt qu’à distance. Le coach arrive plus facilement à gérer les temps et les flux d’échanges, pas besoin de se mettre en « mute » ou de sortir du « mute » avec les micros coupés !
Enfin, il est souvent aisé de faire ressortir les émotions en mode présentiel en entourant la personne coachée, et donc il sera plus facile ensuite de mettre des mots et de travailler sur ces émotions pendant le coaching.
En conclusion
Du coaching à distance, oui mais pas que :
Le coaching à distance a certainement de nombreux atouts - et la technologie (et le contexte sanitaire récent) a contribué à les faire mieux émerger ces dernières années- sans pour autant totalement remplacer le coaching présentiel.
Tout est une question de dosage entre distanciel et présentiel. C’est un peu le débat que l‘on retrouve autour du télétravail : gain de temps pour les collaborateurs, pas de transport, plus de productivité parfois, et inversement difficile d’y développer la connaissance de l’entreprise ou d’y réfléchir en collaboratif à plusieurs comme au bureau, d’y trouver le fun et les moments sociaux qui soudent aussi l‘entreprise…
À vous de trouver ce bon équilibre avec la personne coachée !